Le mouvement nord-américain est très spectaculaire dans le métro de New York dont les rames se sont subitement couvertes de noms : Taki 183, Tracy 168, Akmy, Stay High 149, etc. . En quelques années, ces « tags » (signatures) sont devenus de véritables typographies ; leurs auteurs ont décliné l'écriture de leurs messages (plus souvent leurs noms) afin d'en augmenter la visibilité, ou d'en développer le style, pour marquer ou s'affirmer par leur personnalité, et pour faire partie de la mémoire collective, ne serait-ce que dans leurs milieu, parfois au moins comme simple précurseur d'un style. Le but du graffiti nord américain était au départ d'obtenir « the Fame », c'est-à-dire la célébrité, la reconnaissance des autres tagueurs ou graffeurs leur signifiant par là qu'ils existent. Tous les moyens seront bons pour cela. La simple affirmation d'une identité (« je me surnomme Taki, j'habite la 183e rue » ) s'est doublé d'ambitions plastiques, qui se sont révélées être un autre moyen de se faire remarquer : ce n'est plus seulement le graffeur le plus actif ou celui qui prend le plus de risques qui obtient une forme de reconnaissance, mais aussi celui qui produit les œuvres les plus belles. Très rapidement, des styles standardisés (lettrage « bulles », lettrage « wild style ») et des pratiques (« top-to-bottom whole car » , « Whole Car Windows Down » , « throw-up » , etc.) se cristallisent. Des groupes (appelés « posses », « crews », « squads » ou « gangs »), comme la ville de New York en a toujours connu, se forment et permettent aux graffeurs de s'unir pour exécuter des actions spectaculaires (peindre plusieurs rames d'un train par exemple), pour ajouter un nom collectif à leur nom individuel mais aussi pour s'affronter entre groupes, de manière pacifique ou non. Ces groupes sont souvent constitués par origines ethniques et ont pour noms des acronymes en deux ou trois mots :Soul Artists (SA), The Crazy Artists (TCA), etc.
En
1973, le
New York Magazine lance le concours du plus beau graffiti du métro. Au milieu des
années 1970, la culture du graffiti est plus ou moins figée dans son fonctionnement et dans ses productions. La culture
hip-hop émerge du graffiti mais aussi d'autres formes d'expression nées en même temps : une nouvelle danse plutôt acrobatique (
break dance), un genre musical à base de textes parlés (
rap), de mixage de disques (
dee jaying), (
scratch) et de fêtes en plein air (
sound systems). Les deux pionniers les plus célèbres d'une conjonction entre break dance, rap, dee-jaying et graffitis sont
Phase 2 et
Fab Five Freddy.
À la fin des
années 1970, le graffiti dans le métro est sévèrement réprimé et il commence à se déplacer sur les murs des quartiers défavorisés de la ville avant d'essaimer dans d'autres grandes villes américaines (
Los Angeles,
Chicago,
Philadelphie,
Houston) et dans diverses grandes villes européennes :
Paris,
Londres,
Berlin,
Amsterdam et
Barcelone surtout. C'est à cette époque également que le milieu de l'art commence à s'y intéresser. Des graffiteurs « légendaires » tels que
Lee Quinones,
Seen,
Futura 2000 ou
Fab Five Freddy peignent sur des toiles et exposent leur travail dans des galeries telles que la
Tony Shafrazi Gallery ou la
Fun Gallery de
Patti Astor, la galerie Fashion Moda ou encore la Galerie Sydney Janis. Des peintres qui ne sont pas spécialement issus des quartiers défavorisés de New York et qui ont généralement suivi un cursus classique en Arts ou en communication visuelle, intéressés par l'idée d'un art urbain ou d'un art clandestin, s'associent aux graffiteurs (comme
Jenny Holzer, qui fera écrire ses «
truismes » à la bombe par
Lady Pink) ou s'approprient leur pratique (
Jean-Michel Basquiat,
Keith Haring,
Kenny Scharf,
Rammellzee).
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