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lundi 25 mai 2015

paris graffiti


En 1960, Brassaï publie le livre Graffiti, fruit de trente ans de recherches, régulièrement réédité, qui propose le graffiti comme une forme d'Art brut, primitif, éphémère. Picasso y participe. C'est sans doute la première fois que l'on évoque le graffiti comme un art.
Dans la foulée de mai 1968, les messages politiques de la rue parisienne gagnent en poésie et en qualité graphique. Ils sont notamment le fait d'étudiants en philosophie, en littérature, en sciences politiques ou en art et font souvent preuve d'humour absurde ou d'un sens de la formule plutôt étudié : « Cache-toi, objet ! », « Une révolution qui demande que l'on se sacrifie pour elle est une révolution à la papa. », « Le bonheur est une idée neuve. », « La poésie est dans la rue », « La vie est ailleurs », « Désobéir d'abord : alors écris sur les murs (Loi du 10 mai 1968.) », « J'aime pas écrire sur les murs. », etc. . Ces slogans sont indifféremment écrits au pinceau, au rouleau, à la bombe de peinture (plus rare) ou sur des affiches sérigraphiées. C'est de cet affichage sauvage et militant que naît une tradition parisienne du graffiti à vocation esthétique.
En 1966, l'artiste Ernest Pignon-Ernest peint une silhouette au pochoir sur le plateau d'Albion (Vaucluse) en réponse à la présence de la force de frappe nucléaire sur ce territoire. Dans les années 1970Ernest Pignon-Ernest produira des affiches sérigraphiées, sans slogans, qu'il exposera dans plusieurs grandes villes : « les expulsés », collés sur les murs de maisons en démolition et représentant à taille réelle des personnes tenant des valises ou un matelas, « Rimbaud », représentant le poète, jeune, toujours à taille réelle. Les sérigraphies urbaines d'Ernest Pignon-Ernest interpellent le passant et lui demandent quelle est la place de l'homme ou de la poésie dans la cité moderne.
Pour se faire connaître, les groupes de musique Punk parisiens utilisent la bombe de peinture, le pochoir, les marqueurs au début des années 1980. Ainsi La Bande à Bonnot (dont le chanteur Spirit fondera en 1983 les Paris City Painters en références aux New York City Breakers qui se rebaptisera La Force Alphabétick ou Lucrate Milk, groupe Punk parisien avec Nina Childress, la chanteuse qui fera partie des Frères Ripoulins en compagnie de Closky, Piro KO devenu Pierre Huyighes, 3 Carrés, artistes français contemporains. Ils utilisent tous la bombe, avec ou sans pochoirs, les marqueurs sur tous supports dès 1981[réf. nécessaire]. Leurs références artistiques sont le mouvement Dada ou CoBrA (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) et la scène Punk : The Ex en Hollande, The Clash à Londres ou Berurier Noir en France. La Force Alphabétick avec les Crime Time Kings et les Bad Boys Crew sont les pionniers du graffiti contemporain à Paris, à l'aide de pochoirs ou en wild style.
Au tout début des années 1980, les premiers « pochoiristes » comme Shalm Trx (premier pochoir en 1981 à Paris) ou Jef Aérosol (premier pochoir en 1982 à Tours) continueront sur le même principe. En 1982, pour annoncer leur « premier supermarché de l'art », Roma Napoli et JJ Dow Jones du Groupe Dix10 placardent dans le quartier Beaubourg de grandes affiches aux personnages de Comic's ; vingt ans plus tard, toujours actifs, on les retrouve dans le mouvement Une nuit. Outre les pochoiristes, de nombreux artistes s'intéressent à l'art urbain et clandestin, comme Gerard Zlotykamien, qui peint des silhouettes évoquant les ombres macabres restées sur les murs d'HiroshimaJérôme Mesnager, auteur d'hommes peints en blanc qui courent sur les quais de la Seine ; les VLP (Vive La Peinture), qui investissent les palissades autour du trou des Halles en les recouvrant de fresques sauvages aux couleurs hyper-vitaminées. C'est aussi l'époque de la Figuration libre, une époque de créativité joyeuse et humoristique, née du Pop-Art, de Bazooka, du vidéo clip, du graffiti, souvent présente dans la rue, avec Robert Combas, Les Frères Ripoulin (qui peignaient sur des affiches posées clandestinement), du groupe Banlieue-Banlieue qui commence ses actions en 1982 avec des performances pendant des expositions-concerts et colle en banlieue d'immenses fresques peintes sur papier kraft. Daniel BaugesteKim Prisu qui colle des petits originaux sur les murs et Claude Costa (qui se faisaient enfermer la nuit dans le métro pour pouvoir en détourner les affiches), Hervé Di RosaSpeedy GraffitoPaëlla ChimicosNuklé-Art, sont également actifs à cette époque. Outre la rue, les catacombes de Paris sont dès le départ aussi un lieu important du graffiti.
En banlieue parisienne, le groupe TAS (Terrorist Art System) se crée en 1987. Il comprend cinq pochoiristes (Azot, Mad, Monzon, Jenlain et Snooker). Il devient très vite le premier groupe de pochoiristes international, sans pour autant négliger tags et graffs. Dès 1989, Monzon crée le premier d'une nouvelle vague de pochoirs : le pochoir hip-hop, appelé ainsi en référence à la culture du graffiti américain dans lequel la propagande générale de la Zulu prétend l'intégrer, faisant le lien entre le mouvement anglais basé sur les pochoirs et le mouvement américain, basés sur le lettrage aérosol. Actuellement, il regrette le choix d'une telle appellation. Cette vague s'épanouira surtout à Bruxelles où Monzon et Snooker tireront la vague des pochoirs pendant plus de dix ans avec des pochoiristes issus du mouvement graffiti américain, tels que Otage (TAS), Supé (TAS), Monzona (TAS), Lo (TAS), Snyker (TAS), Kami (BTN), etc. ou de la vague punk, tels que Sonik (TAS), Pelo (TAS) ou Mr K (TAS). La notion de pochoirs hip-hop est popularisée lors de l'exposition Pochoirs hip-hop à Bruxelles en 1999, à la Boutique Culturelle d'Anderlecht, organisée par l'association Estampe 51.

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